Tristesse.

Que dire du grand pianiste Mulgrew Miller qui n'a pas été écrit depuis 24 heures sur FaceBook, sinon ma profonde tristesse qui me surprend moi-même ? Le son, pour commencer. Le swing et le time aussi, évidemment. Le phrasé d'une grande élégance et inventivité, sans jamais céder aux facilités qu'on entend ailleurs, mais toujours l'expression d'un chant intérieur sur et noble. La culture, et l'expérience encore, acquises aux côtés des plus grands pendant des années. Et enfin la grande humilité et disponibilité face à l'immense héritage qu'il faut honorer tout en cultivant une voix singulière. C'est ce qui fait tout le défi de cette musique, et qui explique pourquoi il y a si peu d'élu qui atteignent cette stature.
Ce sont également autant de qualités qui font défaut aujourd'hui chez la plupart des musiciens qu'on encense par chez nous, et qui sont pourtant les qualités nécessaires pour poser quelque chose d'un tant soit peu intéressant, après tout ce qui a déjà était dit et joué... Peut-être ma tristesse est-elle due aussi à ce décalage qu'il y a toujours entre les maîtres de cette musique - nous, les musiciens, les connaissons - et tout le ramdam que l'on fait autour de figures qui n'ont pas le début du commencement de cette épaisseur.
Mulgrew Miller s'en va et nous laisse orphelin, mais il part bien trop tôt. Pas comme Hank Jones (dont il était l'héritier naturel) et qui nous a quitté récemment à l'âge de 92 ans après plus de soixante dix ans de carrière. Mulgrew Miller avait encore tant de concerts à donner, de disques à enregistrer et des choses magnifiques à jouer et à partager...

Maintenant vient l'heure des louanges et des hommages, mais pardonnez-moi de rappeler ici qu'il n'a jamais réussi à faire tourner en France son quintet Wingspan.

Grande tristesse ce matin.

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