Et au delà coule une rivière

Fred Pasqua est un batteur exceptionnel, de ceux qui servent la musique sans jamais l'asphyxier. Nul égo mal placé chez lui, mais un instinct très affuté qui le place toujours au bon endroit pour favoriser les échanges, comme le vent porte les oiseaux migrateurs.

Il aura attendu patiemment d'avoir franchi la quarantaine pour envisager d'enregistrer son premier disque en leader. Moon River qui sort sur le beau label Bruit Chic réunit une équipe qui lui ressemble : le très lyrique Yoann Loustalot au bugle, le fabuleux Nelson Veras à la guitare, le solide et fidèle Yoni Zelnik à la basse. Autour de ce noyau dur, quelques invités viennent compléter ce cercle intime. Nous avons eu la chance d'assister à cette séance et le résultat va au delà des intentions qui l'ont présidée ; un disque de grande facture qui fera date dans l'histoire du jazz en France. Pas moins.

Seulement peut-être pas tout de suite. Car on est en droit de douter de sa capacité à émouvoir ceux qui aujourd'hui ont la charge de promouvoir et programmer cette musique. Pas de rock, ni de pop, ni hip-hop, ni de hipsters, ni d'électro ici. En somme, ce n'est pas du jazz à en croire un nombre toujours plus croissant de spécialistes qui nous expliquent que sans cross-over, sans ouverture à d'autres genres, cette musique n'a plus d'avenir, ni même de présent (voir posts passés).

Je demande qu'à me tromper et j'attends avec impatience de la voir programmée dans les festivals -avec patience, devrais-je plutôt écrire. D'ici là je plongerai dans cette eau vive de jour comme de nuit, où j'espère vous trouver.

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