Désormais on se lève et on se barre !

Texte coup de poing de l'autrice Virginie Despentes à la suite de la remise du Cesar du meilleur réalisateur à Roman Polanski, publié dans Libé du 1er Mars, texte qui frappe fort et juste.

Que ça soit à l’Assemblée nationale ou dans la culture, vous, les puissants, vous exigez le respect entier et constant. Ça vaut pour le viol, les exactions de votre police, les césars, votre réforme des retraites. En prime, il vous faut le silence de victimes.

Gare à celles et ceux qui osent défier le pouvoir et les puissants ! Les artistes doivent toujours se soumettre inconditionnellement à ceux qui les produisent, programment et mettent en avant. Aucune critique ne sera permise, sous peine d’excommunication et de censure. Le message - et le mécanisme implacable - est le même partout.  

On se lève. On se casse. On gueule. On vous emmerde. En lisant ces mots qui concluent le coup de gueule de Despentes, impossible de ne pas repenser aux débuts de ce blog.

L'excellent Guilhem Flouzat me signale une autre tribune de Libé qui dit à peu près la même chose mais en termes plus universitaires, celle du philosophe Paul B. Preciado.

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Sinon, il y a le disque de l'altiste anglais expatrié à NYC depuis plus de vingt ans, Will Vinson, sobrement intitulé 441 (comme la fréquence communément utilisée pour l'accord du La au piano) qui vient de sortir. Il présente cinq pianistes majeurs de notre époque et autant de styles bien établis et personnels ; le doyen et gourou Fred Hersch, le magicien cubain Gonzalo Rubalcaba (qui avait produit le précédent disque de Will, Perfectly Out Of Place, déjà une merveille d'écriture et d'interplay), l'arménien Tigran Hamasyan, et deux superbes trentenaires américains Sullivan Fortner et Gerald Clayton.

Pour chacun, une track en duo, et une autre en quartet avec différentes paires contrebasse/batterie d'exceptions. Chaque fois une explosion d'idée et de fraîcheur et une communion remarquables. Qu'on écoute le bel arrangement du standard Love Letters pour s'en convaincre. Outre Will et Sullivan, il rassemble deux piliers de cette excellence new-yorkaise ; le bassiste Matt Brewer (qui semble jouer avec tout le monde, tout le temps) et l'haïtien Obed Calvaire, qui propulse le groupe avec une énergie toute solaire débarrassée des brulures de l'emphase.

Tour à tour, on y entendra également les bassistes Matt Penman, Rick Rosato, Larry Grenadier et les batteurs Billy Hart, Eric Harland, Clarence Penn, Jochen Rueckert.

Will Power !

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