Les plus belles plumes font les plus beaux oiseaux
Un grand homme de jazz nous a quitté, emporté par un cancer le jour de Noël. Avec moi, il s’est toujours montré à la fois bienveillant et très discret. Je n’oublierai jamais ce soir, fin août 99 au Sunset parisien, où je l’ai trouvé assis sur un tabouret, juste après la porte. Avec mon jeune quartet de l’époque (Jean-Christophe Béney, Jules Bikôkô bi Njami et Philippe Soirat), j'y présentais le répertoire de Versatile récemment enregistré à NYC.
Le lendemain soir paraissait dans Le Monde un papier d’une demie page où il évoquait notre travail de manière poétique, soignée et intuitive, en prenant son temps, à l'image de la musique qu'il aimait tant. Dans un autre long article, il avait également relayé le tumulte des débuts de ce blog en 2011, en allant questionner quelques musiciens d’importance (Alain Jean-Marie).
À la sortie d’un concert récent du quartet d’Immanuel Wilkins, dans le hall de la maison de la radio, j’ai surpris une réunion impromptue de plumes historiques de cette musique en France. Tous ayant allègrement dépassés la soixantaine, je les observais échanger leurs impressions avec un enthousiasme d’étudiant. D'une façon singulière, érudite et dévouée, ils ont chacun été le témoin et le relais pendant plus de quarante ans d’un jazz acoustique toujours attaché aux fondamentaux originels de cette musique : swing, interplay, improvisation individuelle et collective indissociables, filiation aux maîtres américains. Force est de constater que leurs voix ne portent plus comme il y a vingt cinq ans.
Si je ne doute pas qu’ils existeront toujours, je me demande qui seront leurs héritiers et comment réussiront-ils à se faire entendre. Ceux qui défendront toujours cette musique et son évolution, qui partageront toujours le même amour pour son histoire (aimer, c’est connaître) et ne céderont pas aux modes éphémères qui portent sur scène des musiques sans âmes, formatées et cellophanées pour les marchands et les réseaux sociaux.
Merci Francis Marmande.


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