Combien de temps faudra-t-il encore attendre ?

Kurt Rosenwinkel vient de publier sur son label Heartcore Records un enregistrement qui date de 1996. Il s'agit d'un concert donné avec son quartet de l'époque devenu légendaire, dans le club qui a favorisé l'éclosion de toute cette génération, le Smalls à New York. Le groupe comprend Mark Turner au saxophone ténor, Ben Street à la contrebasse, Jeff Ballard à la batterie, et sur un morceau, le splendide Zhivago, Brad Mehldau au piano.

Cette musique
est extraordinaire et presque trois décennies plus tard, elle n'a rien perdu de son lyrisme, de son mystère, de sa magie et de son ineffable beauté. Bien au contraire, elle est définitivement à ranger au panthéon du jazz. Pendant que ces gars-là jouaient comme ça dans le petit club de Mitch situé à deux pas du Vanguard, en France on nous saoulait avec l'électro jazz comme l'avenir du genre. 

J'ai l'impression qu'après toutes ces années, la critique et les programmateurs français n'ont toujours pas pris la mesure de l'importance de ce groupe, et de l'influence que ces musiciens ont eue sur un très grand nombre d'entre nous, leurs contemporains, et les plus jeunes venus après. Je ne suis même pas certain qu'il y ait un autre exemple dans l'histoire du jazz d'un tel décrochage, aussi long et profond. Un groupe et des musiciens aussi influents et si largement ignorés pendant aussi longtemps ?

Pour illustrer cette situation propre à notre pays, aucun festival de jazz en France n'a programmé ce groupe cet été alors qu'il était en tournée dans toute l'Europe pour célébrer cette parution, avant de partir pour l'Asie. Comme le rappelle l'excellent guitariste et directeur artistique du Malta Jazz Festival, Sandro Zerafa —il avait programmé Kurt l'année dernière— le groupe de Walter Smith III avec Danny Grissett, Joe Sanders et Bill Stewart n'a pas davantage eu les faveurs de nos programmateurs.


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