Beaucoup de questions, quelques réponses...

Bonsoir à tous,

Très belle journée aujourd'hui à la Maison de la Poésie à Paris consacrée à la restitution du rapport d'étape sur le Jazz en France par le groupe de travail. Beaucoup de jeunes musiciens et de personnalités du monde du jazz avaient fait le déplacement et je les remercie très vivement. 

Cependant, je n'ai pas pu m’empêcher de noter l'absence de ceux qui menèrent les combats précédents... Où sont les Henri Texier, Daniel Humair, Patrice Caratini, Michel Portal, Aldo Romano, Louis Sclavis (pour n'en citer que quelques uns) depuis des mois que nous travaillons à penser des solutions aux problématiques que nous connaissons (en ce qui concerne le jazz mais aussi les autres musiques qui n'ont pas les faveurs du marché) ? 

En revanche, on a vu de nombreux musiciens qui font le jazz aujourd'hui en France (et je demande pardon par avance à ceux que je vais oublier...) ; Pierrick Pedron, Alexandra Grimal, Leïla Olivesi, Christophe Dal Sasso, Eve Risser, Alexandre Herer, Laurent De Wilde, Lisa Cat-Berro, Fred Maurin, Mario Orsinet, Romain Pilon, Karl Jannuska, Clotilde Rullaud, Sylvain Darrifourcq, Franck Amsallem, Louis Moutin, Pierre de Bethmann... et aussi de nombreux programmateurs, journalistes, producteurs...   

Tout reste à faire bien sur, mais j'ai quand même la sensation qu'une dynamique s'est enclenchée et qu'elle peut être porteuse de changements. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues, sans ostracisme ni esprit de chapelle et nous serons jamais de trop pour défendre ces musiques dans les lieux où elles ne sont pas encore assez programmées. 

Nous allons nous réunir avec le groupe de travail la semaine prochaine pour faire une synthèse de cette journée et envisager la suite à donner à ce mouvement.


À très vite.
L.

Commentaires

  1. j'ai lu sur le site de Cordes & Ames le compte rendu de la table ronde organisée à la maison de la poésie. J'ai été très étonné de voir l'importance accordée à des lieux comme le Duc ou le Sunset, connus depuis de nombreuses années pour leur conditions douteuses, concernant l'accueil et l'aspect financier. Aujourd'hui, avec le développement des scènes, théâtres, festivals subventionnés et conventionnés, de très nombreux musiciens, dont je fais partie, vivent de leur activité sans jamais avoir une seule fois joué dans ces clubs. Personnellement, leur fermeture ou la déliquescense qui les touche-puisque j'ai cru comprendre que c'était l'objet premier du blog- ne m'importe que peu, puisque ces lieux ont je pense perdu de leur influence et de leur prestige avec les années. Je peux comprendre que pour ceux qui y ont beaucoup joué ce soit un sujet important, mais peut-être que le véritable combat pour la défense du jazz se situe ailleurs.
    Concernant le Paris Jazz Festival, les chiffres ne sont pas communiqués. Les coupes budgétaires sont évidemment très négatives, mais pourquoi supprimer les premières parties et non réévaluer les cachets de tout le monde? Pourquoi ne pas faire jouer des gens plus jeunes, un peu moins connus? Depuis 15 ans, les conditions de travail se sont beaucoup dégradées, et l'avenir du milieu passe aussi par le fait que tout le monde doit avoir conscience des efforts à consentir, programmateurs, subventionneurs mais également les musiciens. Avec Sibiel, nous avons récemment joué pour un co-plateau. Nous avons gagné 120 net ch cun, alors que ceux d'après gagnaient 700. Jouent-ils 5,83 fois mieux que nous?
    Par rapport à Culture France, il faudrait aussi connaitre les chiffres exacts. Combien de groupes ont été aidés, pour quel type de tournée etc... L'exemple de M.Moutin n'est pas très pertinent. Il dit être aidé par la spedidam et la bnp, mais pas par culture france. Peut-être ont-ils aidé des gens qui eux n'avaient pas de financements annexes?
    Aujourd'hui, les musiciens doivent être capables d'organiser des évènements, de jouer et d'administrer. C'est malheureusement une réalité. Poourquoi ne pas proposer une véritable formation dans ces domaines, incluse dans la scolarité de base? Pourquoi ne pas parler des programmateurs qui ne font jouer que des gens connus sous prétexte de rentabilité financière, y compris dans les scènes nationales, subventionnées a 100% Beaucoup d'intervenants sur le blog se plaignent de n'avoir jamais bénéficié de subventions. C'est a priori faux, car en France la grande majorité des salles et festivals sont subventionnés, et nous payent donc avec de l'argent public. Et ceux qui revendiquent le droit de jouer comme il y a 30 ans la musique d'il y a 30 ans, très bien, mais pourquoi demander de l'argent public pour cela?
    Parrallèlement aux revendications matérielles et concernant les conditions de jeu, il faudrait aussi mener une réflexion sur la nature de la musique jazz et son inscription dans la société actuelle. Le problème de la sensibilisation et de l'éducation des publics à la démarche musicale et intellectuelle des musiciens nest pas non plus abordée, ce qui est à mes yeux un des fondements de la possible avancée de la considération du métier.
    Je ne propose pas grand-chose pour l'instant, mais je voulais juste faire entendre une autre voix, venant d'un autre jazz, moins représenté à l'échelle ministérielle. Tu peux voir ce que je fais grâce aux liens ci-dessous.
    J'espère ne pas t'avoir heurté, mon but est simplement de donner un avis sur les problèmes que nous rencontrons. Le combat réside dans la défense de tout le monde, et surtout des générations à venir, plutôt que dans les demandes personnelles. Bien sûr, ce n'est pas ce que tu fais, il n'y a pas de doutes là-dessus, mais au vu de certains commentaires, ce n'est pas toujours très clair.
    Bien à toi, et bon courage pour la musique et les revendications.
    Jean-Philippe Feiss

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  2. Sur les clubs, je ne partage pas du tout ce point de vue pour plusieurs raisons. Les lieux à Paris ont fermé par dizaines depuis vingt ans, et les clubs bien installés (pas ceux qui cherchent encore à s'implanter donc) qui continuent de booker un certain jazz (international pour faire court, mais qu'on pourrait aussi qualifier de toujours connecté à NYC) se comptent au nombre de cinq: Le New Morning, le Sunside/Sunset, le baiser salé et le Duc. ce sont des endroits où, comme d'innombrables autres musiciens français, j'ai fait mes premières armes, sans avoir encore de disques à mon actif, et c'est aussi là que je continue à écouter la musique que j'aime. Beaucoup plus par exemple que dans la plupart des festivals (dont je continuerai à prendre la défense, même si ce n'est jamais là que je préfère y écouter du jazz, mais bien en club qui est pour moi - et les esthétiques dont je me revendique - le lieu parfait d'échange pour cette musique. Quand je parle de mes esthétiques, je parle de mon point de vue personnel, et en aucun cas n'opère une hiérarchie avec d'autres styles de jazz. Les prises de positions que j'ai eu maintes fois l'occasion d'exprimer à ce sujet depuis près d'un an l'attestent).

    Par conséquent, il m'apparait primordial de défendre ces lieux, d'exiger qu'ils soient conforment à ce qu'on attend d'eux (et de le faire avec d'autant plus de légitimité, qu'on y travaille souvent depuis bien plus longtemps que ceux qui les bookent aujourd'hui), et de s'assurer qu'ils continueront à relayer une diversité de musique encore trop absente des lieux en réseaux en France type FSJ ou AFIJMA qui sont très souvent sur une musique improvisée qui s'est affranchie depuis longtemps de la tutelle américaine et qui flurte avec la musique contemporaine, le rock, le free, ou la pop (une fois de plus, aucun jugement de valeur ici...).

    Ces clubs sont des lieux qui historiquement n'ont jamais bénéficié de l'aide publique. Ils ne répondent pas aux critères parce qu'ils ne déclarent pas les musiciens, ils ne les déclarent pas parce qu'ils n'ont pas d'aide... c'est le poisson qui se mort la queue, et surtout il y a des pratiques qu'il faut continuer de condamner et sur ce point je suis d'accord avec toi.

    Mais je continuerai néanmoins à prendre leur défense. À Paris et en région. Et nous avons bien dit au ministre (c'est écrit dans le rapport) l'importance des petits lieux avec une petite jauge pour la création de cette musique. Il ne faut jamais oublier que les américains qui viennent en nombre sur les scènes des festivals européens, jouent le restant de l'année dans des clubs souvent plus petits que ceux de la rue des lombards. C'est dans ces lieux que la sève d'un partie importante de cette musique (celle que personnellement je préfère et qui m'intéresse le plus d'écouter et de jouer) monte, que la matière se crée, que la pâte se pétris, et que le public se développe.

    Si tu parlent des clubs de la rue des lombards, ces lieux n'ont absolument pas perdu de leur préstige. Au contraire, ces dernières années, leurs programmations a considérablement gagné en qualité, et on ne compte plus le nombre de musiciens très important d'aujourd'hui qui ne jouent pratiquement que là quand ils viennent à Paris. Mark Turner pour n'en citer qu'un. Donc je le répète, le combat pour la défense du jazz se situe AUSSI là (personnellement tu l'auras compris c'est même le seul combat que je continuerai à mener, si il n'en restait qu'un).

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  3. Au niveau des cachets, Tu as raison. Il y a des pratiques à dénoncer. Mais je crois que la journée de lundi était surtout une journée de restitution auprès de gens que ces questions intéressent au premier chef, mais qui n'avaient pas pu prendre part à l'élaboration de ce rapport. C'est une étape de plus de franchie, et je compte bien qu'il y en ait d'autres. Nous nous réunissons la semaine prochaine avec le groupe de travail pour faire le point, et je continuerai à tenir informés ceux que ça intéressent sur le blog. Ce n'est qu'un début, continuons le débat (ce que nous faisons ici !).

    " Et ceux qui revendiquent le droit de jouer comme il y a 30 ans la musique d'il y a 30 ans, très bien, mais pourquoi demander de l'argent public pour cela?"

    Mais parce qu'il ne faut PAS FAIRE DE HIÉRARCHIE. Je cite un passage du rapport (à te lire, je me demande si tu l'as lu ce rapport...) :

    "La « création » est un mot qui revient souvent dès lors qu’on évoque le champ de la culture. Pourtant c’est un concept qui doit être reconsidéré quand il s’agit de l’appliquer au jazz, car il implique souvent la notion d’oeuvre nouvelle, écrite sur commande et qui présente tous les aspects de la modernité telle qu’elle est conçue dans l’imaginaire collectif, c’est-à-
    dire nécessairement en rupture avec la tradition, ésotérique et d’avant-garde. Or – et c’est là à nos yeux un point particulièrement important – le jazz et les musiques improvisées ne sauraient se conformer à cette vision restrictive pour la simple raison qu’elles ne cessent de revisiter le passé pour aller de l’avant. Ce constant aller-retour est une des caractéristiques qui fondent son identité. C’est pourquoi il ne faut surtout pas faire de hiérarchie entre la musique originale et la musique de répertoire, les deux propositions étant également valides et même souvent entremêlées. Le groupe de travail note un trop grand décalage entre les projets soutenus par l’Etat via les DRAC et la grande diversité des esthétiques à l’oeuvre."

    Par conséquent, il ne faut opposer aucun styles. Le style n'est tout simplement pas une chose à prendre en compte quand on traite de politique culturelle. De même qu'on ne prend pas en compte le styles vesitmentaire des gens qui se présentent au guichets de l'ANPE. L'état doit aider aussi ceux qui jouent la musique de répertoire car c'est tout aussi important que le reste. C'est même intrinsèque au jazz, comme il est dit plus haut. Il faut pour cela que des gens compétent soient nommés dans les commissions d'attribution d'aide, et qu'ils représentent la diversité des styles très vivants aujourd'hui en France.

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  4. Tu as raison. Un gros effort doit être fait dans les écoles où l'enseignement de la musique est bien souvent insuffisant. À ce propos je t'invite à visiter ma page vimeo https://vimeo.com/revolutionjazzmin où tu trouveras toute une série de témoignages que j'ai réalisés depuis plusieurs mois et qui traitent de tous ces sujets. J'ai voulu donner la parole à des vrais gens et, en mettant tous ces témoignages ensemble, dessiner une sorte de portrait du jazz en France. C'est encore très incomplet, et notamment au niveau de la province et de la représentation des styles à l'oeuvre aujourd'hui justement, mais c'est un travail que je vais continuer longtemps je crois, car il me semble qu'une parole libérée du cadre traditionnel de la promotion - dans lequel elle est généralement confinée - manque dans notre communauté, et qu'elle permet de dresser un état des lieux plus réaliste que la vision souvent fantasmée/biaisée qui nous est proposée par la presse.

    Je crois qu'il y a besoin de libérer une parole, et que c'est un processus parfois violent et dérangeant mais qui est nécessaire. Après je suis d'accord avec toi, et il faut qu'on sorte des clivages. Mais es-tu certain d'être totalement exempt de critique à ce niveau-là (voir plus haut ta remarque sur le jazz d'il y a trente ans) ? ;)

    Merci en tout cas pour ton message très intéressant qui, avec ma réponse, j'espère va appeler d'autres réactions.

    Amitiés,
    L.

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  5. Laurent

    Je me dois d'intervenir, car je suis evidemment bien d'accord avec toi pour les clubs, qui restent l'endroit essentiel pour faire du jazz. En fait le jazz se joue d'abord en club, et ensuite sur une grande scene. Toi et moi nous le savons. Le jazz en club est important car (quasiment) hors subventions, il reflete les gouts profonds des amateurs de jazz, et non pas les gouts de certains programmateurs plus preocuppés d'agenda "tendances" comme tu l'as tres bien ecrit.

    Le club est un endroit primordial, la France (a l'inverse de l'Allemagne) n'en comptant que trop peu. C'était le but de mon intervention que j'ai d'ailleurs mal formulée, durant la matinee. Cesser de penser en "grande scenes", en "creations" (je partage ton avis a 100% la-dessus), pour penser a un veritable maillage des petites scenes, et pallier l'absence de toute vie jazzistique dans bien des departements ou bien des regions. Il est impossible en France de faire plus de 3 ou 4 concerts d'affilée. J'ai en Allemagne fait des tournees de 10 jours, moyennement payees je le conçois, mais au moins c'est possible.

    Je suis au final encore d'accord avec toi pour constater qu'en 15 ans, les clubs (parisiens, mais y en a t'il d'autres?) ont changé du tout au tout, avec des programmations souvent aussi bonnes qu'a NY.

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    1. Jean-Philippe Feiss22 mars 2012 à 11:03

      Ce qui m'interpelle est cette comparaison fréquente avec New-York. Pourquoi vouloir adopter le modle américain, alors qu'il existe en France et plus généralement en Europe une identité musicale très forte? Je suis d'accord pour la création de petits lieux bien sûr, qui sont essentiels à la diffusion. Mais dans ce cas-là, il faut pouvoir jouer dans ces lieux dans des conditions d'accueil, son et salaire décentes. Il me parait incongru de vouloir subventionner les clubs parisiens, qui bien souvent offrent des conditions qui ne sont pas en adéquation avec le niveau requis pour y jouer. Bien sûr, s'ils sont subventionnés, ils pourront déclarer, mais l'accueil et le respect des musiciens est aussi une question de tradition dans le lieu et de convictions personnelles des dirigeants, et pas seulement une histoire de subs.
      Jean-Philippe Feiss

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  6. Merci pour vos contributions.

    Cette question des clubs est vraiment cruciale, et pour bien comprendre l'enjeu qui se cache derrière ça, il faut prendre la mesure de l'aspect culturel qui est très fort et qui remonte à loin. Il y a aujourd'hui de multiples manières de faire du jazz et des musiques improvisées. Certains musiciens font des carrières sans quasiment jouer en clubs, ou très peu. Ils vont au conservatoire, ont une très solide formation technique et développent une personnalité au sein de ces établissements. Puis ils forment des groupes et obtiennent des aides pour jouer dans les festivals. Il y a comme ça des parcours qui se sont entièrement passé de cette culture du club.

    Et puis il y a ceux dont nous sommes nombreux à faire parti (toi, Franck, par exemple) qui avons fait nos classes dans les clubs. Il se trouve que j'ai fait le conservatoire moi aussi, mais après, quand je suis arrivé à Paris, c'est essentiellement dans les clubs que j'ai poursuivi ma formation. J'allais y écouter la musique que je voulais jouer, et j'allais aussi y faire le boeuf. Cette manière d'aborder la musique est toujours d'actualité aujourd'hui. Ici comme ailleurs (et à NYC donc). Il ne s'agit pas de dire que la référence à NYC est un carcan dont il faut s'affranchir, mais plutôt de constater - et s'en réjouir - que les pratiques qui ont fait le jazz là-bas depuis le début se sont exportées ailleurs.

    Un autre exemple ? Aujourd'hui, il y a plein de musiciens français qui font des sessions. C'est-à-dire qu'ils se voient juste pour jouer, essayer des choses, des nouveaux morceaux, des standards qu'ils travaillent, ou des trucs qu'ils ont relevé, juste pour le plaisir, sans avoir de gigs. Ce n'est pas une répète, c'est un session. Et ça, ça vient de NYC. Le fait que cela se soit répandu ailleurs permet à la musique de se développer autrement ici aussi. C'est une manière de perpétuer une tradition, non pas pour jouer les trucs du passé (même si certains le font, et c'est tant mieux !), mais plutôt pour jouer les trucs d'aujourd'hui en les abordant comme dans le passé.

    C'est pourquoi le club reste un lieu essentiel à cette musique. Les musiciens parmi les plus modernes et novateur continuent de jouer en clubs toutes les semaines et de se confronter à la proximité d'un public de grande qualité composé d'habitués, de curieux ouverts, et de musiciens (un excellent cocktail qui lui aussi à fait ses preuves depuis des lustres). Les Steve Coleman, Tyshawn Sorey, Steve Lehman, Mark Turner, Kurt Rosenwinkel, Kneebody, Miguel Zenon... mais aussi par chez nous les David Prez, Karl Jannuska, Stéphane Belmondo, Laurent de Wilde, Franck Amsallem, Elisabeth Kontomanou, David El Malek, Christian Escoudé, Pierre de Bethmann ou Benoit Delbecq (cette liste étant impossible à dresser de manière exhaustive tant ils sont nombreux, et dans tant de styles différents).

    C'est comme ça que cette musique continue d'avancer sans perdre de ce qui fonde sa culture, son essence. Mais cela ne veut pas dire que tous les jazz et toutes les musiques improvisées doivent se vivre comme cela. Il y a en Europe des musiciens et des musiques qui se sont affranchis de cette culture, et c'est très bien. Cela veut simplement dire que cette culture est toujours très vivante et continue de produire une musique fraîche et diverse, qui revisite, renouvelle et invente, comme elle a toujours fait.

    Par conséquent, le club a encore de très beaux jours devant lui. Quand les conditions d'accueil de ces lieux nous déplaisent (accueil des musiciens comme du public) on le dit (et on fait un blog !) mais en aucun cas, on condamne ces lieux à fermer. Le jour où les clubs n'existeront plus, on aura définitivement changé de paradigme.

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  7. Comment n'ai-je pas cité Alain Jean-Marie dans ma liste ?? Honte à moi.
    L.

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  8. Jean-Philippe Feiss23 mars 2012 à 01:51

    D'accord avec toi, mais comme tu le dis très justement, les clubs ne sont pas essentiels à l'éclosion des musiciens. Je ne condamne pas les clubs à fermer, mais à évoluer et prendre la mesure de ce qui se fait dans les autres endroits. Combien de fois on entend "à NY tu vois machin ou truc jouer dans un pizzéria pour 50$". Je ne trouve pas ça bien et ne pense pas que ce genre d'exemple doit influencer ce qui se passe ici. J'ai l'impression que quand on se plaint des conditions, on érige toujours ce genre de situation en exemple, comme si se plaindre de devoir payer 6€ une bière alors que l'on joue était illégitime. La France et l'Europe en général ont l'habitude de fonctionner, pour les conditions de travail, selon les standards européens, et importer le libéralisme forcené américain dans la musique ne me semble pas judicieux, pas plus que de le montrer en exemple. Comme je disais plus haut, l'aide apportée à ces lieux par de l'argent public doit passer par un sévère contrôle des conditions de travail, celles des musiciens comme celles du personnel. J'ai assisté personnellement à des scènes de réprimande du personnel de la part de la direction dans un célèbre club, qui étaient simplement scandaleuses. Paris n'est pas si grand, et il ne faut pas faire d'un club -même s'il est prestigieux et célèbre- le graal à atteindre. N'y-a-t-il pas aussi dans cette défense un peu de nostalgie? Les lieux et les festivals ont beaucoup évolué ces dernières années. Il est parfois difficile de se reconnaitre dans les uns ou les autres.

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  9. Je croyais pourtant avoir été clair...

    Les clubs sont essentiels à l'éclosion d'un certain type de musicien. Quand ces lieux disparaitront, ces musiciens aussi. Et comme je ne crois à la disparition de ce genre de musiciens, je ne crois pas non plus à la disparition des clubs.

    Aucune nostalgie ici, puisque, comme je l'ai déjà dit, cet environnement continue de produire certains musiciens - et un certain public aussi - d'aujourd'hui (et qui vont de musiciens de répertoire qui sont indispensables tout autant que ceux qui proposent de nouvelles pistes).

    Cette expérience du clubs reste essentielle, et peut-être tu ne la perçois-tu pas à sa juste valeur parce que tu n'en es pas issu, ce QUI N'EST PAS UN PROBLÈME POUR MOI. Tu as raison de parler de conditions qu'il faut veiller à maintenir descentes, ce que nous sommes nombreux à faire à Paris. Pour info, le Duc déclare tous les musiciens, et le Sunside commence à le faire davantage. Sans doute pas suffisamment, mais cela ne veut pas dire qu'il faut fermer ce lieu, puisqu'il fait parti des rares lieux à programmer certains musiciens qui ne sont pas programmés dans les réseaux subventionnés.

    Je crois qu'il faut sortir des chapelles (musiciens de clubs, ou non, de tel styles ou d'un autre, de répertoire ou de musique originale, de Parie ou de région....). Mais pour avancer ensemble, il faut comprendre l'importance des certains pratiques et de certains lieux dans l'histoire passé ET présente de ces musiques.

    La manière dont certains d'entre évoluent est intimement liée à notre proximité avec ces lieux ; nos possibilités d'y jouer, mais aussi d'y écouter nos pairs, et nos maîtres, et d'y entretenir un lien régulier et intime avec la musique et ceux qui la font.

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  10. Jean-Philippe Feiss23 mars 2012 à 05:41

    Tu es très clair, c'est juste que je ne suis pas d'accord. Il est évident que chacun est influencé par son milieu et son esthétique. Certains pensent que l'avenir du jazz passe par la défense des clubs, d'autres pas. Etant donné que l'affaire est portée devant le ministre, je me permets d'exprimer un autre point de vue qui est peut-être partagé par d'autres, et qui pourrait avoir une place dans la discussion. Notamment, comme nous l'avons dit plus haut, l'éducation musicale et l'adaptation de tous aux restrictions budgétaires, qui permettrait à tous les musiciens d'avoir une place équitable, et non pas une répartition de l'argent fantaisiste. Aider les clubs, ok, mais sous certaines conditions, d'accueil, de salaire, mais aussi de programmation pourquoi pas. Pour aider et encourager les jeunes.

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